Éditorial - Vers une nouvelle configuration stratégique en Extrême-Orient et dans le monde ? Le Japon, la Chine, les États-Unis et la Russie - Alors que tant de personnes se concentrent sur la dernière série de manifestations mondiales, à présent en Ukraine, au Venezuela et en Thaïlande (bien que la situation y soit beaucoup moins soulignée dans les informations provenant des foules), ou sur les tensions apparemment toujours croissantes au Moyen-Orient, en Extrême-Orient, la tension a augmenté d'au moins un cran, le gouvernement japonais ayant laissé entendre qu'il voulait revoir l'étude de 1993 qui a conduit aux excuses présentées par le Japon en 1994 pour les "femmes de réconfort" sud-coréennes pendant la Seconde Guerre mondiale (voir Article du Washington Post).

En outre, et surtout, le Japon semble ne plus hésiter à risquer un "coup de froid" avec son allié américain, à utiliser le la formulation de l'article de Martin Fackler dans le New York Times (19 février 2014)comme un législateur de haut rang a souligné sa déception à l'égard des États-Unis (pour ne pas avoir soutenu assez fermement le Japon dans ses différends avec ses voisins), ou comme "Naoki Hyakuta, qui a été nommé par le Premier ministre lui-même au conseil d'administration de la chaîne publique NHK, a déclaré dans un discours que le tribunal de guerre de Tokyo après la Seconde Guerre mondiale était un moyen de couvrir le "génocide" des raids aériens américains sur Tokyo et les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki" (Id'offre.). Naoki Hyakuta connaît bien ce type de commentaires (par exemple David MacNeillThe Independent, 7 février 2014).

Ces déclarations montrent tout d'abord et de toute évidence le niveau toujours élevé et croissant de tension existant dans la région, alors que la Chine et le Japon affirment leurs revendications territoriales, ainsi que la volonté nationaliste du Japon, qui a décidé de voir sa constitution anti-guerre modifiée (par exemple John HofilenaJDP, 2 janvier 2014). Le contexte économique, avec des résultats moins que satisfaisants, rend la situation particulièrement inquiétante car la guerre peut être considérée comme un moyen de sortir des problèmes économiques. Ce qui est ici nouveau et, à première vue, surprenant, c'est que dans une situation aussi tendue, le Japon pourrait souhaiter risquer de s'aliéner les États-Unis. En tant qu'hypothèse, le nouveau refroidissement pourrait devenir moins surprenant si l'on se rappelle que le 8 février, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a rencontré le Président russe Vladimir Poutine à Sotchi, et si l'on se rappelle que "cinq sommets ont eu lieu entre les deux dirigeants en treize mois" (Reuters, 8 février 2014). Les deux pays travaillent, il est vrai, à la signature du traité de paix qui mettrait fin à leur différend territorial mais partagent également des intérêts commerciaux forts, notamment le pétrole et le gaz, qui sont d'autant plus importants pour le Japon compte tenu de Fukushima (par exemple ibid). On peut donc se demander si le nouveau "chill" avec les Etats-Unis, initié par le Japon, n'est pas permis par les relations chaleureuses avec la Russie, ainsi qu'un signal de la force de cette relation. Il peut également s'agir d'un avertissement du Japon aux États-Unis, compte tenu de l'importance du Japon dans leur stratégie de "pivot vers l'Asie", selon lequel, si les États-Unis ne les soutiennent pas plus fortement, ils pourraient très bien se tourner de plus en plus vers la Russie. Dans tous les cas, il s'agit là d'une évolution extrêmement intéressante, qui a le potentiel de redéfinir radicalement la configuration stratégique non seulement en Extrême-Orient, mais aussi au niveau mondial (économiquement et géopolitiquement).

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Image en vedette : Photo - le Bureau présidentiel de presse et d'information de la présidence russeAvant la réunion avec le Premier ministre japonais Shinzo Abe, Sotchi, 8 février 2014

Publié par Dr Helene Lavoix (MSc PhD Lond)

Dr Hélène Lavoix est présidente et fondatrice de The Red Team Analysis Society. Elle est titulaire d'un doctorat en études politiques et d'une maîtrise en politique internationale de l'Asie (avec distinction) de la School of Oriental and African Studies (SOAS), Université de Londres, ainsi que d'une maîtrise en finance (major de promotion, Grande École, France). Experte en prospective stratégique et en alerte précoce, notamment pour les questions de sécurité nationale et internationale, elle combine plus de 25 ans d'expérience en relations internationales et 15 ans d'expérience en prospective stratégique et en alerte. Elle a vécu et travaillé dans cinq pays, effectué des missions dans quinze autres et formé des officiers de haut niveau dans le monde entier, notamment à Singapour et dans le cadre de programmes européens en Tunisie. Elle enseigne la méthodologie et la pratique de la prospective stratégique et de l'alerte précoce, travaillant dans des institutions prestigieuses telles que le RSIS à Singapour, SciencesPo-PSIA, ou l'ESFSI en Tunisie. Elle publie régulièrement sur les questions géopolitiques, la sécurité de l'uranium, l'intelligence artificielle, l'ordre international, la montée en puissance de la Chine et d'autres sujets liés à la sécurité internationale. Engagée dans l'amélioration continue des méthodologies de prospective et d'alerte, Mme Lavoix combine expertise académique et expérience de terrain pour anticiper les défis mondiaux de demain.

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