(Mis à jour le 22 mai 2013) Maintenant que nous connaissons et comprenons mieux les acteurs présents sur le champ de bataille syrien, nous pouvons commencer à esquisser des scénarios concernant d'abord les futurs plausibles pour la Syrie et les perspectives de paix à court et moyen terme, et ensuite les implications régionales de ces scénarios, car les dimensions géostratégiques régionales et même mondiales de la guerre en Syrie se précisent chaque jour davantage.

Scénario 1 : Négocier la paix pour la Syrie à Genève

Syrie, guerre civile syrienne, négociations avec la Syrie

Les pourparlers diplomatiques visant à promouvoir un règlement négocié de la guerre civile en Syrie sont couronnés de succès et les négociations commencent.

Sous-scénario 1.1.. : Tous sauf les djihadistes

Les acteurs réunis autour de la table sont le CN et le Conseil suprême de commandement militaire interarmées (CSM), l' le régime de Bashar al-Assad représentée par une personne qui sauverait la face du régime et qui serait acceptable pour toutes les autres parties (en supposant qu'une telle personne existe), la Conseil suprême kurde (SKC) et le Groupes salafi-nationalistes.

Sous-scénario 1.1.1.. : Une paix extérieure syrienne fragile

Une paix extérieure peut être négociée. Nous aurions une paix très fragile incluant tous les acteurs, à l'exception de ceux qui luttent pour un djihad mondial. Compte tenu du niveau actuel d'escalade et des intentions des factions les plus extrémistes, si nous voulons augmenter la probabilité de voir perdurer une véritable paix positive - correspondant à la vision déclarée de la politique étrangère de nombreux pays occidentaux, faisant respecter l'État de droit et les droits de l'homme - nous devons nous assurer que les éléments suivants sont inclus : une présence et un soutien forts de la communauté internationale (malgré le défi du déficit public mentionné ci-dessus), un plan stratégique correctement conçu et des actions réelles plutôt que des promesses irréalistes qui sont intrinsèquement une escalade alors que ce qui doit être arrêté est aussi la politique efficace de "guerre du peuple" des factions extrémistes.

Le choix du moment sera également essentiel une fois la paix négociée, car la rapidité et l'efficacité réelle sont cruciales. Notamment, et compte tenu de la sensibilité exacerbée d'un peuple ayant traversé une guerre civile, ainsi que de l'environnement religieux, la corruption et les divers dysfonctionnements au sein du système d'intervention pour la consolidation de la paix devraient être évités.

Il serait donc crucial de commencer à travailler à un plan approprié de construction de la paix dès que possible, en utilisant tous les canaux de coopération bilatérale et multilatérale. Pour s'assurer que le processus de construction de la paix est correctement mis en œuvre, des systèmes d'alerte précoce et de suivi exploitables doivent être planifiés et construits dès le départ.

Les cinq à dix prochaines années resteront une période très délicate avec des risques accrus de ré-escalade vers la guerre.

Sous-scénario 1.1.2 : Retour à la guerre civile - avantage des djihadistes ?

Les négociations échouent et la Syrie retombe dans la guerre civile, mais dans des conditions différentes : l'échec aura un prix pour chaque acteur impliqué, en fonction des raisons et des conditions qui l'entourent. Les groupes jihadistes mondiaux seraient probablement ceux qui en profiteraient le plus.

Sous-scénario 1.2. : Tous sauf les salafis

Les acteurs réunis autour de la table sont le NC et le SMC, le régime de Bashar al-Assad représenté par une personne qui sauve la face pour le régime et une personne qui serait acceptable pour toutes les autres parties (en supposant qu'une telle personne existe) et le SKC.

Les groupes salafi-nationalistes (tous ou la plupart), même ceux ayant des liens avec le SMC, refuseraient de participer aux négociations.

Sous-scénario 1.2.1.. : Une paix extérieure improbable et très fragile

Les négociations aboutissent. La paix extérieure qui est négociée est encore plus fragile. Les perspectives de réussite de sa mise en œuvre sont fortement réduites. Tous les risques déjà présents dans le sous-scénario précédent (1.1.1) seraient accrus. Avec un niveau de puissance (ressources, troupes et actions) constant par rapport au sous-scénario 1.1.1., la probabilité de succès serait inversement proportionnelle à la politique et aux actions des groupes salafi-nationalistes, allant du simple refus de participer aux négociations et au règlement à leur dénonciation et leur combat actifs. Pour augmenter les chances de succès, le niveau de pouvoir appliqué devrait être proportionnellement accru et la durée pendant laquelle ce pouvoir serait nécessaire devrait être augmentée. En d'autres termes, il faudrait consacrer à la Syrie davantage de troupes et de personnel civil, ainsi que davantage de ressources, et ce plus longtemps.

Sous-scénario 1.2.2. : Retour à la guerre civile - l'avantage des Salafis ?

Les négociations échouent et la Syrie est à nouveau entraînée dans la guerre civile.

Scénario similaire au 1.1.2 mais avec un très fort avantage pour les groupes salafistes, qu'ils soient nationalistes ou jihadistes.

Estimation de la vraisemblance pour le scénario 1

Qu'est-ce qui pourrait augmenter la probabilité qu'un tel scénario se produise ? Quels sont les faits justificatifs qui augmentent la plausibilité du scénario 1 ?

  • La guerre civile en Syrie se prolonge, avec une évolution et une dynamique spécifiques au cours de l'hiver 2012/2013 favorisant les pourparlers diplomatiques entre les puissances internationales (voir la fin de l'article 2.1.1. dernier poste);
  • La crainte des acteurs extérieurs de voir se poursuivre l'utilisation et la propagation des armes chimiques,
  • Une crainte accrue des acteurs extérieurs de voir le conflit syrien s'étendre, ce qui ne pouvait manquer de se produire compte tenu de sa dimension régionale et mondiale, soutenue notamment par la Le lien avec Al Qaeda Déclarations d'avrilpar les déclarations de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, reconnaissant que son groupe combat aux côtés du régime de Bashar al-Assad (Black et Roberts, The Guardian, 30 avril 2013.), par les attaques israéliennes des 3 et 5 mai sur la Syrie (voir l'analyse intéressante de Ben Caspit, 5 mai 2013, AlMonitor), puis par l'attaque terroriste du 11 mai 2013 dans la ville turque de Reyhanli, (Daloglu, 12 mai 2013 AlMonitor), ce dernier point étant également lié à la question des réfugiés et à sa dimension déstabilisante pour les pays voisins.
  • La difficulté de mettre en œuvre rapidement, efficacement et avec une forte probabilité de succès toute autre solution. Absence de soutien clair dans les circonscriptions nationales des pays susceptibles d'intervenir, notamment aux États-Unis, en faveur de ces solutions, et possible polarisation des opinions, compte tenu des multiples diasporas et de la catastrophe humanitaire.
  • Coût de l'intervention pour les pays intervenants, compte tenu du problème généralisé des déficits publics et des solutions habituellement choisies pour faire face à ce défi (réduction des dépenses publiques et privatisation de l'État).
  • Conduisant à l'annonce par le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov et le secrétaire d'État John Kerry que la Russie et les États-Unis avaient convenu "d'œuvrer à la convocation d'une conférence internationale pour trouver une solution politique au conflit en Syrie", et donc à la poursuite des travaux diplomatiques dans cette direction (BBC, 7 mai 2013), ainsi qu'aux échanges diplomatiques en cours entre les parties concernées.
  • Augmentation de la violence et multiplication des attaques - à un point - serait pas être une indication que les pourparlers vont finalement échouer, ni que les négociations de paix sont en train de s'effondrer, car les acteurs chercheront la position de négociation la plus forte possible à la table des négociations et cette position est obtenue par les combats. Les batailles renouvelées doivent être considérées comme une partie (dramatique) du processus global de négociation.
  • Quels acteurs syriens doivent participer ? Compte tenu de la diversité des acteurs sur le terrain, ce point est particulièrement délicat, crucial et donnera très probablement lieu à de nombreuses discussions, déclarations, marchandages et rebondissements, comme le laissent présager les deux déclarations ci-dessous.
    • Moaz Al-Khatib, ancien président de la Coalition nationale pour les forces révolutionnaires et d'opposition syriennes (NC) a suggéré : "Nous refusons toute pensée radicale mais cela ne signifie pas que nous pouvons les exclure, ils sont Syriens et ils ont le droit de s'exprimer, et nous devons entamer un dialogue avec eux. Ils sont Syriens et pour moi un Syrien vaut plus que le monde entier" (Phil Sands, The National, 9 mai 2013). Il est très probable qu'une participation officielle des groupes salafistes-djihadistes sera rejetée par les puissances internationales ainsi que par une partie des factions du CN, mais un dialogue secret pourrait avoir lieu entre certains acteurs syriens. La question pourrait également être posée pour les groupes salafi-nationalistes.
    • La déclaration surprenante d'"Abdul Qader Saleh, commandant de la Brigade Al-Tawhid", membre de la Front de libération de la Syrie à "l'agence de presse turque Cihan" accusant Israël d'avoir détruit des armes qui étaient sur le point d'être saisies par "la rébellion" et non des armes qui étaient sur le point de parvenir au Hezbollah, se rangeant ainsi du côté de l'Iran et du Hezbollah pour soutenir Assad (Ynet, 13 mai 2013) pourrait signaler un durcissement précoce du FSL (qui avait été suggéré comme possible par Lund, 2013 : 27). Cette déclaration pourrait à son tour préparer le terrain pour refuser les négociations potentielles ou pour construire une position de négociation plus forte.

Scénario 2 : pas de Syrien à Genève

Les discussions diplomatiques échouent... à poursuivre.

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Bibliographie détaillée et sources primaires à venir.

Publié par Dr Helene Lavoix (MSc PhD Lond)

Dr Hélène Lavoix est présidente et fondatrice de The Red Team Analysis Society. Elle est titulaire d'un doctorat en études politiques et d'une maîtrise en politique internationale de l'Asie (avec distinction) de la School of Oriental and African Studies (SOAS), Université de Londres, ainsi que d'une maîtrise en finance (major de promotion, Grande École, France). Experte en prospective stratégique et en alerte précoce, notamment pour les questions de sécurité nationale et internationale, elle combine plus de 25 ans d'expérience en relations internationales et 15 ans d'expérience en prospective stratégique et en alerte. Elle a vécu et travaillé dans cinq pays, effectué des missions dans quinze autres et formé des officiers de haut niveau dans le monde entier, notamment à Singapour et dans le cadre de programmes européens en Tunisie. Elle enseigne la méthodologie et la pratique de la prospective stratégique et de l'alerte précoce, travaillant dans des institutions prestigieuses telles que le RSIS à Singapour, SciencesPo-PSIA, ou l'ESFSI en Tunisie. Elle publie régulièrement sur les questions géopolitiques, la sécurité de l'uranium, l'intelligence artificielle, l'ordre international, la montée en puissance de la Chine et d'autres sujets liés à la sécurité internationale. Engagée dans l'amélioration continue des méthodologies de prospective et d'alerte, Mme Lavoix combine expertise académique et expérience de terrain pour anticiper les défis mondiaux de demain.

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