Depuis le 19 août 2014 et la diffusion du meurtre de l'Américain James Foley aux mains de l'État islamique (Ackerman, 20 août 2014, The Guardian), les médias occidentaux diffusent régulièrement des vidéos sinistres où l'État islamique décapite des individus appartenant aux groupes qu'il perçoit comme des ennemis et s'opposant à son califat. Le caractère macabre, épouvantable et choquant des vidéos et de l'État islamique est alors régulièrement souligné par les médias et les gouvernements occidentaux.
Entre-temps, comme les bourreaux sont choisis parmi les combattants étrangers ayant rejoint l'État islamique (par exemple Walker, 20 août 2014, L'IndépendantBotelho, 20 novembre 2014, CNN), on souligne le départ de la jeunesse occidentale pour rejoindre le califat et lutter pour lui, et on dénonce la propagande de l'IS. Pourtant, de nouvelles recherches et interviews dans les médias (par exemple Lowen, 6 novembre 2014BBC News ; Maher, 6 novembre 2014, Un nouvel homme d'État), en se concentrant sur les raisons pour lesquelles ces jeunes gens rejoignent la société civile ne font pas particulièrement ressortir la cruauté, le désir d'infliger la douleur, l'aversion pour les droits de l'homme ou tout autre trait violent comme cause de la décision de construire une nouvelle vie impliquant le combat, donc de tuer et de risquer d'être tué.
Se pourrait-il donc que la propagande de l'État islamique ne se limite pas aux décapitations horribles, et que les messages fondamentaux de peur et de "folie calculée" soulignés par Brooking (21 août 2014, CFR) ? Quelque chose d'autre pourrait-il également infuser la propagande de l'État islamique ? Son message pourrait-il nous dire quelque chose que nous devons comprendre, si nous voulons un jour être en mesure de combattre le califat de manière victorieuse ?
Comme nous voulons mieux comprendre le califat dans le cadre d'une prospective stratégique et d'une mise en garde qui doit pouvoir être appliquée, nous allons commencer ici à explorer la propagande de l'État islamique. Nous commencerons par examiner les concepts militaires liés à la propagande et nous nous demanderons s'ils peuvent être appliqués à ce que fait l'État islamique et comment. Ensuite, nous identifierons les principaux produits et canaux des opérations psychologiques de l'État islamique ainsi que les sources. Cela permettra de jeter les bases pour aborder, avec le prochain billet, les thèmes et les questions liés au contenu des opérations de communication stratégique de l'État islamique.
Propagande, psyché ou communication stratégique ?
Outre la "propagande" très souvent utilisée, on trouve une foule de termes dans la littérature militaire spécialisée : propagande, communication stratégique, opérations psychologiques etc...* Alors, de quoi parlons-nous exactement ? Nous devrions idéalement utiliser les termes propres à l'IS, mais en l'absence d'un tel corpus de documents, nous utiliserons notamment du matériel américain. Ce dernier a d'abord l'avantage d'être plus ou moins utilisé chez les alliés, dont beaucoup font partie de la coalition contre l'État islamique. Deuxièmement, alors que la coalition dirigée par les États-Unis se réunit au siège de l'OTAN, pour discuter de la stratégie militaire, notamment de la manière de contrer la propagande de l'État islamique et "d'endiguer le flux de combattants étrangers qui se joignent" à l'IS (BBC News, 3 décembre 2014), il est crucial de développer dès le départ un cadre conceptuel qui puisse être directement compris par ceux qui luttent contre la SI.
En général, nous nous intéressons ici à l'"influence", c'est-à-dire "la compréhension inhérente que toutes les activités diplomatiques, d'information, militaires et économiques (DIME) ont le potentiel d'influencer les comportements et les attitudes de groupes spécifiques". (Steve Tatham, 2013: 8). Il va sans dire que cette définition inclut tous les "nouveaux" médias disponibles, tels que les médias et réseaux sociaux disponibles sur le web, par le biais du téléphone portable ou d'autres infrastructures, les communications qui peuvent avoir lieu en dehors du web mais qui utilisent le téléphone portable, ou d'autres communications utilisant des moyens non technologiques, ainsi que la cyber-sécurité.
Pour revenir à notre définition, en d'autres termes, lorsqu'un groupe tente d'exercer une influence, il applique "des activités spécifiques à un public cible pour influencer les comportements et les attitudes". L'utilisation de cette définition assez large nous permet d'abord de combler ce qui pourrait être un dangereux fossé entre les différentes "actions d'influence", si la composante informationnelle devait oublier ce que fait le monde diplomatique, militaire ou économique, comme le souligne de façon intéressante Paul Kamolnick (juin 2014) dans son Lutte contre la radicalisation et le recrutement d'Al-Qaida : combattre la guerre des faits.
Cette définition nous permet également de surmonter le clivage de plus en plus gênant qui se fait dans les domaines en Occident entre ce qui est étranger et ce qui est intérieur et qui est très probablement sans importance si on l'utilise stricto sensu en ce qui concerne l'État islamique. Par exemple, Murphy (2012) montre, dans le cas de l'histoire américaine, que cette fracture n'est pas une fatalité mais peut évoluer en fonction des besoins. Il rappelle comment le Comité de l'information publique (CPI) a tenté, en 1917, d'influencer l'opinion américaine pour qu'elle soutienne l'engagement américain dans la Première Guerre mondiale (pp. 164-165).
Ensuite, nous nous intéressons plus spécifiquement à l'élément d'information de cette influence plus large, c'est-à-dire "toute forme de communication à l'appui d'objectifs nationaux visant à influencer les opinions, les émotions, les attitudes ou le comportement d'un groupe quelconque afin d'en faire bénéficier le commanditaire, directement ou indirectement" (Ibid. : 162), où il faudrait remplacer "a polity's" par "a national", pour tenir compte de toute forme politique. Selon Murphy (Ibid. fn 24), cette définition était celle de la propagande avant que le terme propagande, de plus en plus perçu comme péjoratif, ne devienne "toute forme de communication adverse, en particulier de nature biaisée ou trompeuse, destinée à influencer les opinions, les émotions, les attitudes ou le comportement d'un groupe quelconque afin d'en faire bénéficier le commanditaire, directement ou indirectement" (DOD Dictionnaire des termes militairesWashington, DC : Département de la défense, 2014). La propagande, aujourd'hui, est donc principalement utilisée contre des adversaires, tandis que les alliés ne pratiquent que la "communication stratégique", c'est-à-dire "des efforts ciblés du gouvernement américain pour comprendre et engager des publics clés afin de créer, renforcer ou préserver des conditions favorables à l'avancement des intérêts, des politiques et des objectifs du gouvernement américain par l'utilisation de programmes, de plans, de thèmes, de messages et de produits coordonnés et synchronisés avec les actions de tous les instruments du pouvoir national" (U.S. JP 1-02, Tatham 2013 : 9). Nous pouvons remplacer le gouvernement américain par n'importe quel autre pour avoir une définition assez souple et utilisable.
Il est soutenu par les opérations d'information, c'est-à-dire "l'emploi intégré, au cours d'opérations militaires, de capacités liées à l'information, de concert avec d'autres lignes d'opération, pour influencer, perturber, corrompre ou usurper la prise de décision des adversaires et des adversaires potentiels tout en protégeant les nôtres". Une des principales capacités des OI est appelée opérations psychologiques (Psyops) en Europe et à l'OTAN (Tatham, 2013 : 8), sauf aux États-Unis où elle est devenue les opérations de soutien de l'information militaire (MISO). Les Psyops ou MISO sont définies comme des "opérations planifiées visant à transmettre des informations et des indicateurs sélectionnés à des publics étrangers afin d'influencer leurs émotions, leurs motivations, leur raisonnement objectif et, en fin de compte, le comportement des gouvernements, organisations, groupes et individus étrangers d'une manière favorable aux objectifs de l'initiateur" (US JP 3-13, Tatham, 2013 : 8).
Compte tenu de la guerre que l'État islamique mène pour établir le califat et que cette guerre, le Jihad, est au cœur même de la raison d'être du califat (voir notre "Suivi de la guerre contre l'État islamique...", 2014 et "Scénarios : un Al-Sham islamique ?"Si l'on considère que les OI et les Psyops devraient être applicables à l'État islamique, comme le serait l'ancienne et la nouvelle définition de la propagande. L'ancienne définition est toutefois plus intéressante car, en ne supposant pas que les informations transmises sont biaisées ou mensongères - bien qu'elles puissent l'être également - elle permettra de mieux comprendre le califat et donc de mieux comprendre les SF&W et, en fin de compte, de mieux réagir.
Nous devrons néanmoins lutter contre la difficulté qu'entraîne la différenciation entre étranger et national. Premièrement, cette distinction ne peut être maintenue dans le cas de l'IS que si nous trouvons quelque chose de similaire, mais selon la définition propre à l'IS de ce qui est étranger et de ce qui est national. Deuxièmement, en termes de cette fois de réponse, si la SI mène des Psyops sur notre propre territoire, ce qu'elle fait évidemment, mais que nous nous interdisons de faire des "contre-Psyops" à cause de divisions administratives obsolètes, déléguant plutôt la conduite de ces opérations à, par exemple, des programmes exclusivement "sociaux-humanitaires" détachés de la compréhension et du contexte militaire et politique, alors de nouveaux défis, pour le moins, sont susceptibles d'apparaître rapidement.
Comme nous pouvons appliquer les Psyops et le concept connexe à l'État islamique, tout en veillant, comme on l'a vu, à le faire d'une manière qui s'adapte aux SI plutôt que d'essayer de forcer les opérations des SI dans le cadre des concepts existants, nous pourrons également appliquer les techniques d'analyse existantes. Nous commencerons ici de manière classique par l'approche Source, Contenu, Audience, Médias et Effets (SCAME) (U.S. FM 3-05.302Annexe D, 28/10/2005), mais en l'adaptant aux SI et aux moyens. En particulier, il semble plus logique d'identifier d'abord les médias ou les canaux ainsi que les produits utilisés puis les sources, car cela nous donnera à la fois notre matériel et un moyen de l'identifier et donc d'encadrer l'effort analytique global. Nous nous tournerons à l'avenir vers le contenu, l'audience et les effets.
Les produits et les canaux de l'État islamique Psyops
Cette liste est susceptible de s'allonger au fur et à mesure de l'avancement de nos travaux et recherches et des événements. Des mises à jour seront donc publiées lorsque cela sera possible et nécessaire. Pour autant que l'on ait pu observer et recueillir jusqu'à présent, les principaux produits et canaux utilisés par l'État islamique pour cibler et influencer des publics spécifiques sont les suivants
Médias visuels en ligne tels que vidéos et photos
La qualité des vidéos diffusées par l'État islamique est reconnue par tous comme professionnelle (ex. Mauro, 21 septembre 2014, Le projet Clarion) et confirme une tendance que nous avions soulignée comme étant croissante parmi les différents groupes islamiques combattant en Syrie (Lavoix, "La montée des nationalistes salafistes"(janvier 2014), comme l'a récemment fait remarquer Brooking (août 2014).
Un exemple célèbre de ces vidéos est la vidéo de 55 minutes "Flammes de la guerre : les combats viennent de commencer", publiée le 19 septembre 2014.
Ils sont diffusés par twitter mais aussi par tout autre support web, de ceux spécifiques à la diffusion de vidéos à tout site web. Il est nécessaire de souligner ici que malgré la chasse aux vidéos IS qui se déroule sur des plateformes telles que Youtube ou Vimeo, il est très probable que la propagande IS soit là pour perdurer - à moins de mesures extrêmes, en supposant qu'elles soient possibles ou souhaitables - car la mise en place d'un site web d'une seule page où tout fichier peut être disponible n'a jamais été aussi facile, et que le web compte plus de 1 132 414 000 sites web (2 décembre 2014 11:57 voir Statistiques en direct sur Internet pour le comptage en temps réel).
Messages audio et textuels
On trouve notamment des cas de messages audio pour des déclarations officielles, par exemple de Abu Bakr al-Baghdadi, accompagnés d'une transcription et d'une traduction (voir Pieter van Ostaeyen, 13 novembre 2014, Pietervanostaeyen), ou le porte-parole du SI, Abu Muhammad al-Adnani ash-Shami, par exemple 17 avril Message audio et transcription traduite (Pietervanostaeyen) ou "Indeed Your Lord Is Ever Watchful", message textuel traduit en septembre 2014 (Worldanalysis.net).
Il est très probable que des radios locales existent sur le terrain, si l'on en croit l'excellente base de données d'identifiants et de logos maintenu par Jihad Intel.
Le magazine mensuel Dabiq
Attention : certaines pages de Dabiq présentent des images graphiques et psychologiquement difficiles à affronter, dont certaines sont liées à des exécutions. Il est cependant impossible de ne pas considérer un matériel aussi crucial, et de ne pas y faire de lien si l'on veut en faire l'analyse.
Le premier numéro de Dabiq a été publié en 1435, pendant le ramadan, Hijri ou calendrier islamiquesachant que le premier jour du mois lunaire du Ramadan de l'année 1435 était 29 juin 2014c'est-à-dire lorsque l'État islamique d'Irak et al-Sham (ISIS) ou l'État islamique d'Irak et du Levant (ISIL) s'est rebaptisé État islamique et a déclaré un califat dirigé par Abou Bakr al-Baghdadi, comme son calife (Al Jazeera30 juin 2014). Il a en fait été publié quelques jours plus tard, le 5 juillet 2014 (Gambhir, Août 2014). Il est disponible, entre autres, sur worldanalysis.net (voir ici pour #1). Le dernier numéro de Dabiq, #5 a été publié dans 1436 Muharram ou oct-nov 2014. Selon Dabiq, elle porte donc le nom d'une région,
"Dans la campagne nord de Halab (Alep) à Sham. Ce lieu a été mentionné dans un hadith décrivant certains des événements des Malahim (ce qu'on appelle parfois Armageddon en anglais). Une des plus grandes batailles entre les musulmans et les croisés aura lieu près de Dabiq".
Suit ensuite le texte du hadith, qui est expliqué plus en détail dans Dabiq #3. On y trouve des éléments clairement eschatologiques (concernant la fin des temps ou la fin du monde, ' ).eschatologie‘, Merriam Webster), et plus particulièrement des références à l'eschatologie islamique (voir Furnish, 11 septembre 2014 dans Rapport sur le contre-jihad et MahdiWatch; Gambhir, Ibid. ; Ryan, 1er août 2014, Fondation Jamestown).
Dabiq est diffusé par tous les canaux comme pour les autres produits.
Utilisation des réseaux sociaux
IS Psysops utilise tous les réseaux sociaux et notamment twitter pour diffuser ses messages. Un rapport réalisé par Recorded Future (Staffan, 3 septembre 2014) pour Skynews a découvert que plus de 60 000 comptes Twitter de sympathisants pro-IS existaient ou avaient existé entre mai 2014 (Cheshire, 5 septembre 2014, Skynews) et en août 2014 (la période de fin n'est pas mentionnée). Parmi ceux-ci, seuls certains sont, très probablement, des comptes IS "officiels". Toutefois, la tendance observée est indicative. Un compte est ouvert et diffuse du matériel ou des commentaires. S'il est fermé (manuellement comme il est signalé à Twitter), alors, presque instantanément, un compte presque identique est ouvert ailleurs, avec un nom légèrement différent. Comme indiqué ci-dessus, on observe un schéma similaire pour l'utilisation de diverses plateformes telles que les vidéos et les blogs ou de sites web à page unique.
Forums en ligne et programmes cryptés
Bien qu'ils soient annoncés sur Dabiq, par exemple, voir le numéro 3 p. 41, les forums utilisant notamment le programme de cryptage "Asrar El Moujahedeen" sont considérés comme une forme très spécifique de Psyops. Le public cible est évidemment constitué d'individus qui sont soit au fait des technologies, soit déjà suffisamment influencés pour pouvoir être guidés dans les premières étapes par des djihadistes avertis en matière de technologie. En effet, comme l'explique en détail Joseph Cox (Janvier 2014, Vice), le fait de trouver puis d'utiliser ces forums n'est pas immédiat. Cela dit, la communication et les échanges, y compris le recrutement, effectués sur ces forums peuvent également être perçus comme étant entourés de secret et faisant partie d'un processus d'initiation, deux éléments qui peuvent bien ajouter une aura attrayante de médias réservés à quelques personnes choisies.
Les sources du Psyops de l'État islamique : les principaux centres de médias "officiels" et les sympathisants
Fondation des médias Al-Furqan
Remarque : dans la mesure du possible, aucun lien direct ne sera fourni avec les vidéos de meurtres et d'exécutions, mais la référence donnée devrait permettre aux chercheurs de trouver les preuves correspondantes.
La fondation des médias Al-Furqan est le bras médiatique de l'État islamique d'Irak (ISI) et fonctionne donc depuis au moins novembre 2006, si l'on utilise la collection de vidéos d'Al-Furqan maintenue par SITE (pour le passage de l'ISI à l'État islamique d'Irak et a-Sham (ISIS), voir "Guerre en Syrie, État des lieux III : Les Jihadistes"(dernière mise à jour en février 2014).
Depuis le 29 juin 2014, et donc l'annonce de la création de l'État islamique et du califat, c'est le centre des médias qui produit et diffuse les vidéos horribles des meurtres et des décapitations : L'Américain James Foley (19 août 2014 ; voir le logo sur la vidéo "A Message to America" disponible sur le centre vidéo de military.com - avertissement : les autopsies vidéo graphiques), l'Américain Steven Sotloff (2 septembre 2014, vidéo "A Second Message to America", par exemple Drury, 2 septembre 2014, Daily Mail), Royaume-Uni David Haines (13 septembre 2014, voir le logo sur l'image et la vidéo "A Message to the Allies of America" disponible sur Leaksource), Royaume-Uni Alan Henning (3 octobre 2014, voir le logo sur l'image et la vidéo disponible sur Leaksource), États-Unis Peter Kassig (16 novembre 2014, vidéo "Although the disbelievers dislike it", voir le logo Al-Furqan sur les médias).
C'est également Al-Furqan qui produit les vidéos tragiques où John Cantlie est forcé de parler, comme le montre le logo (voir encore par exemple sur un blog de Tumblr, http://diary-of-a-muhajirah.tumblr.com/, qui n'a pas encore été arrêté au moment de la rédaction du présent document mais le sera probablement bientôt).
Centre des médias Al-Hayat
L'autre grand producteur affilié à IS est Al-Hayat Media Center, qui, outre les vidéos, a également produit le document officiel relatif à la naissance du califat (pour la version anglaise, "C'est la promesse d'Allah"), ainsi que le magazine Dabiq (voir Dabiq #1). Fin décembre 2014, elle a commencé à produire un nouveau magazine avec la France comme public cible, Dar al Islam (voir ici pour les 2 premiers numéros).
Al-Hayat a précédemment produit le Rapport sur l'État islamique (Jihadologie.net pour les numéros #1 à #3) et les Nouvelles de l'État islamique (Jihadologie.net pour les numéros #1 à #3), qui se sont combinés pour former Dabiq, comme le souligne Gambhir (Ibid., p. 2). Les productions d'Al-Hayat montrent également des scènes d'exécutions et de meurtres, ainsi que des décès de combattants de l'IS, mais se concentrent évidemment sur un message différent de celui d'Al-Furqan.
Médias Al-Itisam
Selon Jihad IntelAl-Itisam Media est une branche médiatique de l'État islamique, qui a produit de nombreuses vidéos de haute qualité en provenance de Syrie, notamment "Fenêtres sur le pays des batailles épiques". Al-Itisam Media a vu le jour en 2013 après que l'État islamique d'Irak soit devenu l'État islamique en Irak et au Levant".
Al-Itisam a également produit la première des vidéos annonçant la naissance du califat le 29 juin 2014 : "Kasr al-Hudud ~ Breaking the Borders" (Pietervanostaeyen, 29 juin 2014 - les deuxième et troisième "Ceci est la promesse d'Allah" ont été produits par Al-Hayat, pour le troisième une traduction est disponible en Anglais(en russe, en français et en allemand, produit par Al-Hayat et Al-Furqan).
Les quasi-sources des sympathisants
Outre les deux centres de presse officiels présentés ci-dessus, nous disposons également de nombreuses sources non officielles mais pro-IS, qui créent des produits. Par exemple, l'exécution de l'otage français Hervé Gourdel a été filmée et rediffusée dans une vidéo reflétant les méthodes d'Al-Furqan (24 septembre 2014, vidéo "A Message with Blood to the French Government", voir le site Intel Group, 24 septembre 2014).
On peut se demander si celles-ci peuvent être considérées comme des quasi-sources. En effet, elles peuvent contribuer à la diffusion des messages des SI, notamment lorsque les sources de SI ne sont pas présentes, mais elles peuvent aussi être des éléments incontrôlables.
Avec le prochain billet de la série, nous allons nous pencher sur le contenu.
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*Bien qu'il soit non seulement très courant, mais aussi à la mode de croire que les activités liées aux affaires telles que le marketing et la publicité des produits peuvent être directement appliquées aux situations politiques au sens large, c'est-à-dire incluant les guerres et les conflits, nous ne suivrons pas cette tendance, au contraire, mais marcherons sur les traces de ceux qui croient, comme Steve Tatham, que le fait de ne pas comprendre la spécificité de la politique et de la guerre est l'une des causes de nombreux maux qui assaillent les Psyops dans le monde occidental et aux États-Unis en particulier. Par conséquent, nous n'utiliserons pas de sources de marketing.
Bibliographie et sources
[postes liés à la jetpack]
Image en vedette: Extrait de la vidéo "Bien que les infidèles n'aiment pas ça" Fondation Al-Furqan pour les médias.
Ackerman, Spencer, "Obama : le meurtre de James Foley 'choque la conscience du monde entier'", 20 août 2014, The Guardian.
Botelho, Greg, "French authorities back off claim against man in ISIS beheadings video", 20 novembre 2014, CNN.
Brooking, Emerson, "La machine de propagande d'ISIS est horrifiante et efficace. How Does It Work ?", 21 août 2014, Défense en profondeur, CFR.
Furnish, Timothy R., "Obama on ISIS : Oft In Lies Truth Is Hidden" 11 septembre 2014, Le rapport sur le contre-jihad.
Gambhir, Harleen K, "Dabiq : le message stratégique de l'État islamique", 15 août 2014, ISW.
Kamolnick, Paul, Lutte contre la radicalisation et le recrutement d'Al-Qaida : combattre la guerre des faitsInstitut d'études stratégiques, US Army War College, juin 2014.
Lavoix, Helene, "War in Syria, State of Play III : The Jihadis", 6 mai 2013, dernière mise à jour en février 2014, The Red Team Analysis Society.
Lavoix, Hélène, "La montée des nationalistes salafistes", 27 janvier 2014, The Red Team Analysis Society.
Lavoix, Hélène, "Monitoring the War against the Islamic State or against a Terrorist Group ?", 29 septembre 2014, The Red Team Analysis Society.
Lavoix, Hélène, "Scénarios : un al-Sham islamique", 27 mai 2013, The Red Team Analysis Society.
Lowen, Mark, "Islamic State crisis : The 13-year-old on 'righteous path'", 6 novembre 2014, BBCNews.
Maher, Shiraz, "De Portsmouth à Kobane : les jihadistes britanniques se battent pour Isis" 6 novembre 2014, Nouveau Statesman.
Mauro, Ryan, "ISIS sort le long métrage "Flames of War" pour intimider l'Ouest", 21 septembre 2014, Le projet Clarion.
Murphy, Dennis M. "Communications stratégiques : Wielding the Information Element of Power", dans U.S. Army War College Guide to National Security Issues - Volume I : Theory of War and Strategy, sous la direction de J. Boone Bartholomees Jr, Strategic Studies Institute, US Army War College, juin 2012, 159-172.
Okamoto, Joel, "Eschatology and the Islamic State", 28 octobre 2014, Concordia Theology.
U.S. FM 3-05.302, OPÉRATIONS PSYCHOLOGIQUES TACTIQUES : TACTIQUES, TECHNIQUES ET PROCÉDURES (Y COMPRIS C1), Annexe D, 28 octobre 2005. http://armypubs.army.mil/doctrine/Active_FM.html
Ryan, Michael W. S., "Dabiq : What Islamic State's New Magazine tells us about Their Strategic Direction, Recruitment Patterns and Guerrilla Doctrine", 1er août 2014, Fondation Jamestown.
Staffan, "ISIS Jumping from Account to Account, Twitter Trying to Keep Up", 3 septembre 2014, Blog Recorded Future.
Tatham, Steve, Opérations d'information du gouvernement américain et communications stratégiques : Un outil discrédité ou une défaillance de l'utilisateur ? Implications pour les conflits futursInstitut d'études stratégiques, US Army War College, décembre 2013.
Walker, Tim, "James Foley 'décapité' : La vidéo d'Isis montre un militant avec un accent britannique "exécuter un journaliste américain" - alors que la chasse au tueur commence", 20 août 2014, L'Indépendant.
Madame, Monsieur
Merci beaucoup pour vos bulletins d'information.
Je voulais juste demander dans quelle mesure l'invasion et les massacres de musulmans en Irak en 2003 par l'Occident dirigé par l'Amérique et la Grande-Bretagne ont contribué à l'avènement d'un mal similaire, à savoir l'"État islamique".
Sachant que la "SI" n'existait pas avant cette date et que l'Irak était alors bien plus pacifique qu'aujourd'hui, n'est-ce pas là un témoignage en soi que les non-musulmans sont plus violents et barbares que les musulmans qui n'envahissent pas nos pays. Nous accusons d'autres États souverains de posséder des armes de destruction massive, alors que non seulement nous en possédons, mais que nous et de nombreux alliés les avons utilisées, n'est-ce pas là un cas classique d'hypocrisie de première classe et de deux poids deux mesures. Je pense que nous devrions nous retirer, nous ne sommes là que pour les intérêts des entreprises, nous ne nous soucions pas des pertes de vies humaines, nos criminels de guerre sont en liberté et pourtant nous avons l'audace de prêcher la paix aux autres.
Regards
Je suis tout à fait d'accord pour dire que la guerre en Irak menée en 2003 par la coalition dirigée par les États-Unis a été un facteur crucial dans la création de l'État islamique (et une erreur dramatique). Malheureusement, nous devons maintenant vivre avec ce qui a été fait et avec les conséquences désastreuses qui en découlent. Il n'est pas possible de tourner le dos à ces conséquences, ni d'ignorer simplement ce qui se passe dans un monde qui est international et global. Les problèmes ne disparaîtront pas parce qu'on les ignore, bien au contraire. En outre, l'État islamique est en guerre et on peut encore moins l'ignorer. Ainsi, dans ce monde très imparfait, la seule option est d'essayer de comprendre au mieux ce qui se passe et de contribuer - chacun à notre niveau - à ce que les meilleures décisions possibles soient prises.