(Conception artistique : Jean-Dominique Lavoix-Carli
Photo : Gerd Altmann)
Cet article bref est une alerte actualisée sur la menace créée par le variant Omicron. Elle est évaluée avec des informations des 15, 22 et 23 décembre 2021. Elle concerne une série d'indications relatives aux risques d'hospitalisation, à la vaccination et à la période d'incubation du variant Omicron.
Depuis que le variant Omicron a été identifié, des études sont menées aussi rapidement que possible pour nous permettre de comprendre la menace et ainsi d'améliorer nos réponses.
Cette alerte fait suite à l'alerte précédente, publiée le 18 décembre, la complète et la met à jour.
Les premières évaluations qui ont été récemment publiées et que nous utilisons ici sont les suivantes :
- UK Health Security Agency, SARS-CoV-2 variants of concern and variants under investigation in England, Briefing technique 33, 23 décembre 2021 - Résumé.
- Neil Ferguson, Azra Ghani, et al, "Rapport 50 – Hospitalisation risk for Omicron cases in England”, Imperial College London, 22 décembre 2021 - avec un résumé par Emily Head, Dr Sabine L. van Elsland, "Une certaine réduction des hospitalisations pour Omicron v Delta en Angleterre : analyse préliminaire“, Ibid,).
- Brandal Lin T., et al., "Outbreak caused by the SARS-CoV-2 Omicron variant in Norway, November to December 2021“, EuroSurveillance, 2021;26(50) : pii=2101147, reçu : 10 déc. 2021 ; accepté : 15 déc. 2021
- Pour référence - Delta et variantes antérieures :
- Rebecca Grant et al, Impact of SARS-CoV-2 Delta variant on incubation, transmission settings and vaccine effectiveness: Results from a nationwide case-control study in France, The Lancet, 25 Nov 2021
- Sheikh A, McMenamin J, et al., "SARS-CoV-2 Delta VOC in Scotland: demographics, risk of hospital admission, and vaccine effectiveness“, The Lancet. 2021 Jun 26;397(10293):2461-2462. doi : 10.1016/S0140-6736(21)01358-1. Epub 2021 Jun 14. PMID : 34139198 ; PMCID : PMC8201647.
D'autres études sont à prévoir. La veille et le suivi doivent bien sûr se poursuivre.
Collectivement, le pouvoir infectieux très élevé d'Omicron continue d'en faire une menace très sérieuse pour les sociétés.
Au niveau individuel, la situation, par rapport au variant Delta, pourrait être légèrement moins dangereuse, notamment pour les personnes vaccinées et uniquement en ce qui concerne les hospitalisations. Cependant, la mauvaise nouvelle concernant la dose de rappel (booster) introduit également de nouvelles préoccupations. La réduction de la période d'incubation et le danger de ne pas comprendre le fonctionnement des tests doivent également être pris en compte, surtout avant Noël et le Nouvel An.
Résumé des résultats actuels sur l'hospitalisation
- La nouvelle course à l'espace (1) - Les BRICS et l'exploitation minière de l'espace
- De l'uranium pour la renaissance nucléaire américaine : Répondre à des besoins sans précédent (1)
- Cinquième année de formation avancée sur les systèmes d'alerte précoce et les indicateurs - ESFSI de Tunisie
- Vers une renaissance nucléaire américaine ?
- AI at War (3) - L'hyper-guerre au Moyen-Orient
- L'IA en guerre (2) - Se préparer à la guerre entre les États-Unis et la Chine ?
- Niger : une nouvelle menace grave pour l'avenir de l'énergie nucléaire française ?
- Revisiter la sécurité de l'approvisionnement en uranium (1)
Les deux évaluations des risques d'hospitalisation concernent le Royaume-Uni, mais, compte tenu des vagues précédentes, elles constituent des indications de ce qui pourrait se produire ailleurs dans le monde. Nous devrions toutefois tenir compte notamment de l'immunité antérieure acquise au sein d'une population avant d'appliquer les résultats britanniques à d'autres pays.
Il convient de souligner, en outre, que ces évaluations sont effectuées sur un petit nombre de cas, de sorte que de nombreux facteurs pourraient entraîner des changements. Par ailleurs, nous n'avons toujours pas d'évaluation de la létalité. Nous ne savons pas non plus - et nous ne pouvons pas savoir - quelles sont les possibles complications créé par Omicron après la maladie primaire ni quels sont les risques encourus en termes de COVID long. La prudence doit donc rester la norme.
En résumé, les conclusions britanniques sont les suivantes :
Taux d'hospitalisation réduit par rapport à la variante Delta
Estimations moyennes
"... le risque d'admission à l'hôpital pour un cas identifié avec Omicron est... réduit par rapport à un cas de Delta...
UK Health Security Agency, Briefing technique 33, 23 décembre 2021
On estime qu'un individu atteint d'Omicron est entre 31 et 45% moins susceptibles de se rendre aux [Accidents et urgences] A&E par rapport à Delta, et qu'il est 50 à 70% moins probable qu'il soit admis à l'hôpital."
Les estimations de l'Imperial College London sont moins optimistes, mais restent encourageantes. Il faut toujours comparer avec Delta,
Les estimations suggèrent que les cas Omicron ont, en moyenne, un risque d'hospitalisation réduit de 20 à 25% et un risque d'hospitalisation entraînant un séjour d'une ou plusieurs nuits réduit d'environ 40-45%.
Rapport 50, Imperial College London, 22 décembre 2021
La durée du séjour à l'hôpital semble également être réduite, mais les données sont insuffisantes pour une évaluation approfondie (ICL).
Mais à quel point Delta était et est toujours dangereux ?
Selon l'étude écossaise,
"Le risque d'admission à l'hôpital pour COVID-19 était approximativement doublé chez les personnes avec le VOC Delta par rapport au VOC Alpha, le risque d'admission étant particulièrement accru chez les personnes présentant cinq comorbidités pertinentes ou plus."
Sheikh A, McMenamin J, et al., "SARS-CoV-2 Delta VOC en Ecosse
Ainsi, si nous avons environ 50% de risque d'hospitalisation en moins avec Omicron qu'avec Delta, qui lui-même avait un risque d'hospitalisation qui doublait (en fait 1,85) par rapport à Alpha, nous revenons à un taux d'hospitalisation similaire à celui que nous avions avec le variant Alpha. Cela correspond à la troisième vague (voir Vers une cinquième vague de Covid-19), mais nous devons ensuite examiner l'immunité, qu'elle soit naturelle ou liée à la vaccination. Pour rappel, il n'y avait pratiquement pas eu de vaccination lors de la troisième vague.
Immunités antérieures et Hospitalisations du fait d'Omicron
L'Imperial College London nous donne une image plus détaillée des taux d'hospitalisation pour Omicron.
Personnes n'ayant pas d'immunité acquise au préalable
Si vous n'avez pas été vacciné ou si vous n'avez pas été infecté par le SRAS-CoV-2, les perspectives sont légèrement meilleures qu'avec Delta, mais de façon très relative :
Reduction du risque de 0-30% de toute hospitalisation [par rapport à Delta]
Rapport 50, Imperial College London, 22 décembre 2021
Personnes ayant une immunité existante
"... l'estimation de réduction du risque d'hospitalisation du fait d'une infection antérieure est... autour de 55-70%“.
Rapport 50, Imperial College London, 22 décembre 2021
Vaccination et Omicron
Le (relativement) bon
L'efficacité de la dose de rappel est confirmée par les études.
"L'analyse de l'efficacité des vaccins continue de montrer une efficacité moindre pour la maladie symptomatique résultant d'Omicron. Il existe des preuves selon lesquelles la protection contre la maladie symptomatique s'estompe après la deuxième dose de vaccin, puis s'améliore après le booster.... Les cas graves d'Omicron sont encore trop peu nombreux pour que l'on puisse analyser l'efficacité du vaccin contre l'hospitalisation, mais il est plus probable qu'elle se maintienne, notamment après un rappel."
UK Health Security Agency, Briefing technique 33, 23 décembre 2021
La brute (le mauvais)
Il y a cependant une mauvaise nouvelle qui est annoncée par l'Agence britannique de sécurité sanitaire et qui confirme ou explique la décision d'Israël de recommander une quatrième injection de rappel :
"...les dernières données suggèrent que la protection supplémentaire commence à s'estomper plus rapidement avec le temps. Elle baisse d'environ 15 à 25% à partir de 10 semaines après la dose de rappel."
UK Health Security Agency, Briefing technique 33, 23 décembre 2021
Ainsi, après une dose de rappel, il faut attendre 2 semaines avant d'être protégé contre Omicron, et cette protection commencera à diminuer à un rythme inconnu 10 semaines après l'injection, c'est-à-dire 2,5 mois. Dans l'ensemble, la dose de rappel n'offre une protection complète que pendant 2 mois.
L'intriguant
De façon "intriguante", pour reprendre les termes de l'ICL, et bien que les chercheurs mettent en garde contre une trop grande confiance dans ces résultats, il semblerait qu'une vaccination (deux doses) avec Astrazeneca protège mieux de l'infection par Omicron qu'une vaccination (deux doses) avec Pfizer ou Moderna.
"Les ratios de risque de fréquentation hospitalière avec Omicron pour les PF/MD (Pfizer/Moderna) sont similaires à ceux observés avec Delta dans ces catégories de vaccination, tandis que les ratios de risque d'Omicron sont généralement inférieurs à ceux de Delta pour les catégories de vaccination AZ. Compte tenu de la taille limitée des échantillons à ce jour, nous mettons en garde contre une surinterprétation de ces tendances, mais elles sont compatibles avec les résultats précédents..."
Rapport 50, Imperial College London, 22 décembre 2021
Quelques éléments sur Omicron et la période d'incubation
L'incubation est le délai entre le moment où un individu est infecté et le moment où il présente des symptômes - et la plupart du temps devient infectieux et donc dangereux pour les autres.
Avec la souche initiale du SRAS-CoV2, le tableau était légèrement plus complexe, car les personnes pouvaient devenir contagieuses avant de devenir symptomatiques (cf. Dynamiques de contagion et seconde vague de COVID-19). Dans les très rares études que nous avons trouvées sur Delta, Omicron et les périodes d'incubation, il n'est pas fait mention de ce facteur. En effet, par exemple, l'étude de Nov 2021 sur Delta précise que
La période d'incubation a été définie comme le nombre de jours entre le contact unique et l'apparition des symptômes.
Grant et al, Impact du variant Delta du SRAS-CoV-2 sur l'incubation
L'histoire de la fête de Noël norvégienne
L'histoire du cluster de la fête de Noël 2021 norvégienne vaut la peine d'être racontée dans son intégralité, car elle met parfaitement en évidence les risques que comporte une méconnaissance des tests et de l'incubation.
"La fête de Noël d'entreprise s'est tenue le 26 novembre 2021 alors que l'un des participants était rentré d'Afrique du Sud le 24 novembre 2021….
Brandal Lin T., et al, "Épidémie causée par la variante Omicron du SRAS-CoV-2 en Norvège, 10 décembre 2021
L'événement fermé s'est déroulé dans une salle séparée (environ 145 m2) dans un restaurant d'Oslo de 18h00 à 22h30, après quoi le lieu a été ouvert au public de 22h30 à 03h00. Une pré-fête avait été organisée pour les participants à la fête de Noël dans un autre lieu, après quoi ils ont été transportés en bus privés jusqu'au restaurant. Bien qu'aucune restriction n'ait été mise en place pour les événements à cette époque en Norvège, tous les participants à la fête ont été signalés comme étant entièrement vacciné et l'organisateur leur avait demandé d'effectuer un autotest rapide antigènique….”
Le 1er décembre, le participant ayant séjourné en Afrique du Sud fut testé positif. Sur les 117 personnes présentes à la fête de Noël, 110 ont accepté d'être interrogées. Sur les 110 participants, au 13 décembre, 66 étaient des cas confirmés et 15 des cas probables. Par conséquent, le taux d'attaque d'Omicron a été estimé à 81/110 = 78%. L' âge moyen des participants était de 38 ans.
Ainsi, pour résumer, 117 personnes étaient convaincues d'avoir été très prudentes et d'être en bonne santé, et, par conséquent, se sont réunies joyeusement lors d'un événement. Puis, la réalité frappa, 81 d'entre elles furent finalement infectées par Omicron dans les trois semaines.
De façon positive, aucune de ces personnes n'avait dû être hospitalisée au 13 décembre 2021. Mais bien sûr, cela ne signifie pas qu'elles n'ont pas aussi créé des chaînes de contamination qui, ensuite, purent déclencher une hospitalisation. Cela ne signifie pas non plus que toutes contamination similaire n'impliquerait jamais d'hospitalisation.
Une autre brutale vérité: Les tests ne protègent les autres que ... lorsqu'ils sont positifs.
Que souligne l'histoire ci-dessus ?
Les tests ne protègent les autres que ... lorsqu'ils sont positifs. Si votre test est positif, vous savez alors que vous êtes infectieux et que vous pouvez contaminer les autres. Vous vous isolez donc, et commencez à vous soigner. Il est absolument essentiel d'utiliser des tests pour identifier et ensuite limiter la contamination le plus tôt possible.
Toutefois, si votre test est négatif, cela signifie seulement qu'au moment du test, vous n'étiez pas infectieux. Mais vous pouvez très bien le devenir dans une heure, deux heures, six heures ou plus, et ce jusqu'à la fin de la période d'incubation (en prenant en compte la durée la plus longue possible). Idéalement, si vous voulez être vraiment certain et vraiment protéger les autres, vous devriez vous tester en permanence. L'appareil dont nous aurions besoin s'apparenterait davantage à une surveillance cardiaque qu'à des tests COVID.
Omicron et incubation
La période d'incubation possible pour Omicron
Grâce à l'étude norvégienne, nous avons de premiers éléments concernant l'incubation d'Omicron.
Les période d'incubation des cas symptomatiques va de 0 à 8 jours avec une médiane de 3 jours (intervalle interquartile : 3-4).
Brandal Lin T., et al, "Épidémie causée par la variante Omicron du SRAS-CoV-2 en Norvège, 10 décembre 2021
Comparaison avec Delta et les variantes antérieures
La période d'incubation de Delta a été estimée à 4,3 jours et celle des variants antérieurs (original, Alpha, Beta, etc.) à 5 jours.
Enfin, nous avons constaté que la période d'incubation moyenne était plus courte pour les infections Delta que pour les infections non Delta (4,3 et 5,0 jours, respectivement).....
Grant et al, Impact du variant Delta du SRAS-CoV-2 sur l'incubation
Nous avons calculé que la période d'incubation était plus courte pour les infections Delta (moyenne (ET) = 4,3 (2,4) jours ; médiane (IQR)= 4 (3-5)), par rapport aux infections non Delta (moyenne (ET) = 5,0 (2,4) jours ; médiane (IQR)= 5 (3-7)). (P < 0.001). Parmi les infections non-delta, la durée d'incubation moyenne (ET) était de 5,0 (2,3) jours pour Alpha, médiane (IQR)= 5 (3-7) ; 5,1 (2,7) pour Beta/Gamma médiane (IQR)= 5 (3-7) ; et 5,1 (2,5) pour non-VOC médiane (IQR)= 5 (3-7).
Conséquence
Si le temps d'incubation est réduit, il est alors beaucoup plus difficile d'arrêter la contamination. En effet, les processus humains mis en œuvre seront probablement plus lents que la propagation de l'infection.
La bonne nouvelle pourrait être que si la durée la plus longue de la période d'incubation est confirmée comme étant de 8 jours et s'il n'y a pas de valeurs aberrantes, alors les quarantaines éventuelles peuvent également être raccourcies. C'est probablement ce que nous voyons se produire, par exemple en Angleterre et probablement en France. Il faut toutefois noter que les données scientifiques sur lesquelles ces décisions peuvent être fondées sont encore très rares. La nécessité de maintenir opérationnels les différents flux d'un pays est également un facteur important dans les décisions concernant la durée de la période d'isolement.
Au niveau individuel, tant qu'il n'y a pas de certitude sur la durée de la période d'incubation, même si vous êtes autorisé à mettre fin à votre période d'isolement, il serait plus sûr pour vos proches et en général pour les personnes que vous rencontrerez, que vous portiez un masque N95/FFP2 et que vous réduisiez de toute façon au maximum vos contacts.